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Terre de Parfum : la Mésopotamie

1. Aux origines de la civilisation et du parfum
Il y a environ 6 000 ans, la terre située entre les fleuves Tigre et Euphrate donna naissance à la première civilisation connue de l’humanité : la Mésopotamie. Située juste au-dessus du Croissant fertile, elle est célèbre pour avoir développé les premiers systèmes d’écriture, de mathématiques et même de justice, notamment avec le Code d’Hammurabi. Souvent mentionnée pour les nombreuses batailles et croyances qui l’ont traversée au cours de ses 3 000 ans d’existence, la Mésopotamie a abrité les premières formes de culture sociale et personnelle. Ses écrits et objets témoignent de l’intellect de ses habitants et de leur rapport raffiné aux senteurs et aux huiles parfumées.
2. L’importance du parfum dans la société mésopotamienne
S’étendant de l’actuelle Syrie jusqu’au Koweït, la Mésopotamie englobait de nombreuses cités-États et civilisations, parmi lesquelles Babylone et Sumer comptaient parmi les plus célèbres. Les sociétés mésopotamiennes accordaient une grande importance à leur environnement, aux temples et aux divinités, associant des parfums spécifiques à chaque idole. Elles croyaient que l’encens les rapprochait de leurs dieux et utilisaient des matières premières de grande qualité pour souligner leur importance.
3. Rituels et utilisations du parfum
Des rituels magiques impliquant de l’encens sous forme de mèches et de blocs étaient également pratiqués. Un exemple retrouvé sur une tablette d’argile sumérienne mentionne les prêtresses de la divinité Anu dans la ville d’Uruk, qui appliquaient un mélange de vin et d’huile parfumée à l’entrée du temple. Bien que l’usage religieux de l’encens ait été le plus élaboré, les individus appréciaient aussi les parfums pour leur propre parure. Les matières premières étaient soit achetées, soit cultivées, et seuls les plus riches pouvaient se procurer les plus précieuses.
4. Recettes et fabrication du parfum
La civilisation mésopotamienne était hautement raffinée. Grâce au cunéiforme, l’un des plus anciens systèmes d’écriture, les Mésopotamiens inscrivaient les noms et quantités de chaque herbe, huile et bois utilisés pour créer leurs senteurs. Une recette retrouvée d’incense (nazi en sumérien) destinée aux divinités a été traduite :
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3 parts de copeaux de cèdre
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2 parts de genévrier
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2 parts de cyprès
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2 parts de tamaris
Ce mélange était transformé en blocs puis brûlé dans un brûleur en céramique décoré.
5. Le parfum comme remède et objet de luxe
Les anciens textes indiquent que les premiers parfums prenaient la forme d’huiles parfumées. L’éventail des ingrédients était large : huiles de souchet, de lin, de graines de laitue, de sésame ou de ben, parfumées avec des herbes et des fleurs telles que la marjolaine, la violette blanche, le lotus bleu, le narcisse, l’iris ou la rose.
La pharmacopée sumérienne et babylonienne comprenait aussi des plantes aromatiques comme la myrrhe, le safran et le laurier-rose. Les Babyloniens considéraient que la maladie était d’origine surnaturelle. Pour chasser les esprits malins, ils utilisaient des substances amères pour les malades et réservaient les parfums agréables aux divinités bienveillantes.
6. Tappūtī-Bēlet-ekalle : la première parfumeuse connue
Tappūtī-Bēlet-ekalle (« Assistante de la Dame du palais », probablement un titre) était une parfumeuse (muraqqītu) de la cour assyrienne au XIIIe siècle av. J.-C.
Elle est mentionnée dans une tablette fragmentaire, qui contient une liste d’ingrédients destinés à la fabrication d’huiles parfumées, interprétée comme une recette de parfum dont elle serait l’auteure. Ce texte faisait sans doute partie d’une bibliothèque découverte dans le temple d’Assur. Elle aurait exercé sous le règne de Tukulti-Ninurta Ier (1245-1208 av. J.-C.).
Les archives de cette époque témoignent de la présence d’autres femmes parfumeuses à la cour assyrienne, preuve que l’art du parfum était non seulement prisé, mais aussi un métier de prestige.
Conclusion
De l’observation du ciel et des étoiles à l’invention du système de numération en base 60 encore utilisé dans nos horloges modernes, nous devons à la Mésopotamie une part essentielle de nos fondations sociales et intellectuelles. Cette terre fertile nous a offert la première forme d’histoire écrite et constitue ainsi la racine de notre savoir humain. L’étude de la Mésopotamie révèle que l’importance du parfum et des encens est ancrée depuis toujours dans notre culture.